Martyre

J’ai vraiment cru un instant qu’il aurait été différent des autres.

Peut-être son sourire, son regard, ou quelque chose chez lui qui sonnait mieux que chez les autres…

Enfin…

J’ai été trop naïve, trop stupide aussi, de pouvoir croire que lui, changerait les choses. Qu’il changerait la donne.

Le fait qu’on parle de tout et de rien, que je réussisse à rire dès la première seconde, dès le premier instant où nos regards se sont croisés. Je le trouvais tout simplement… incroyable….

Lui, contrairement aux autres, a réussi à m’accrocher du premier coup. Peut-être était ce dans ses manières ? Dans sa façon d’être ?

Je comptais rester fixée sur un objectif, pour moi, c’était comme une chanson qui sonnait comme « plus d’amour, plus d’hommes et que ma propre liberté. »

C’était bien la première fois que je ne planifiais rien, que je n’avais fait aucun scénario dans ma tête, que j’étais naturelle, que j’étais moi.

Je sais que dans l’amour, nous avons toujours le choix. J’aimerais dire que je n’ai pas choisi de m’accrocher à lui de cette manière, et surtout pas aussi vite. Pourquoi devoir faire un choix alors qu’il y a peut-être un petit espoir ? Même si on sait que cet espoir sera vain ?

J’espérais qu’avec lui ça ne se déroulerait pas ainsi, même si je l’avais sûrement compris avant d’en être complètement consciente… Parce que j’aurais aimé que ça change avec lui ? Parce qu’il m’a donné l’impression, il m’a montré que je n’étais pas juste un corps. Et il m’a montré ce que ça faisait d’être avec quelqu’un pour ce que la personne est et non pas pour son physique, ou pour du plaisir charnel en l’espace de quelques heures. Et pourtant malgré toutes ces impressions, n’a-t-il pas eu ce qu’il voulait ?

Malheureusement, j’ai été trop… naïve. J’avais l’impression que ce n’était pas la première fois qu’on se rencontrait ; qu’on se connaissait déjà d’une certaine façon.

Je me suis rendue compte que c’est comme un schéma qui se répète à l’infini. Je leur montre qu’ils en valent la peine, je leur donne tout ce que je peux, c’est toujours dans un sens unique, et puis quelques temps après, ils commencent à se rendre compte que j’ai peut-être raison, mais à ce moment là, je décide de partir car je suis totalement à plat, et eux ils vont mieux, ils se sentent mieux, et prêts à avoir de vraies relations.

C’est comme si j’étais là pour les guérir d’une certaine façon. Guérir ceux qui ont perdu confiance en eux, leur redonner de l’espoir, les préparer jusqu’à ce qu’ils trouvent la bonne.

Et quand c’est fait et que je commence à m’en remettre, ça recommence, ça revient avec un autre. C’est comme si j’étais un traitement sans ordonnance…

Et je pensais que ç’aurait été différent avec lui parce qu’il n’avait pas ce « truc » de la relation qui l’a brisée, déçue, et qui cause le « je ne suis pas prêt à cause de ce que j’ai subi dans ma dernière relation. Peut-être qu’avec le temps ça changera, mais pour l’instant je ne m’en sens pas capable. Ce n’est pas ta faute, ce n’est pas à cause de toi, c’est moi le problème. »

Et c’est pour cette raison que je pensais que ç’aurait été différent.

Lorsqu’on souhaite donner de l’amour à quelqu’un, c’est souvent que l’on ressent un manque au fond de nous, consciemment ou non, et qu’on a besoin de le combler. Et malheureusement, cette personne n’est pas prête à combler, à assumer ce manque à notre place.

Et si j’étais destinée à… rencontrer les personnes qui ont un problème, qui sont brisées, pour leur donner une partie de ma lumière pour qu’ils retrouvent leur route dans la pénombre dans laquelle ils se sont retrouvés ?

Peut-être est il venu dans ma vie un si bref instant pour faire changer les choses ?

Je ne voulais pas qu’il soit un mec de plus. Mais je sais que c’est trop tard.

J’espère encore, et je sais qu’au fond de moi je continuerai d’espérer.

Il doit être quelqu’un de formidable, ou alors me suis-je juste trompée, peut-être que j’ai juste été trop naïve de penser que ç’aurait pu être différent. Je ne sais pas.

Mais s’il y a quelque chose que je sais désormais, c’est que je ne veux plus être considérée comme une fille comme ça, qui sera juste de passage. Je ne peux plus supporter d’être vue juste comme un corps et rien d’autre. Je ne veux pas me blesser pour ça. Pas encore. Pas à nouveau. Pas une énième fois. Je sais que je m’attacherai. Dans tous les cas. Et je ne pourrai rien y faire. Alors je préfère partir avant qu’il ne soit trop tard, même si ça l’est déjà.

Pardonne toi mon amour…