Lettre à ma mère ~ 04 décembre 2022
- Margaux MATHE
- 4 mars 2023
- 3 min de lecture
Ma chère maman…
Je me suis longtemps posée ces questions, et… avec tous ces évènements… Elles n’ont fait que ressortir de mon esprit pour se graver à l’encre de chine derrière mes paupières.
Que sommes nous ?
Qui sommes nous ?
Sommes nous destinés, tous dès la naissance à suivre une voie bien tracée comme les autres ? Comme tout le monde ? A aller à l’école, à travailler dur tous les jours, à avoir des bonnes notes et ramener toujours de bons bulletins ? Est-ce qu’il faut forcément être la fierté de nos parents parce que nous sommes de brillants élèves ? Et non pour autre chose ?
Pour d’autres qualités, pour notre créativité, notre imagination, pour d’autres capacités que celles qui ne relèvent que du milieu scolaire ?
Est-ce qu’il faut forcément avoir un bac avec une mention « Très bien » et être accepté dans les plus grandes universités, les plus grands lycées et les plus grandes faculté du monde entier ?
J’ai grandi face à un système qui met en avant les cours, l’école, l’intelligence soi disant, uniquement définie par les résultats scolaires.
J’ai grandi dans un monde où lorsque tu n’as pas de bonnes notes, tu es mauvais, nul, bon à rien, bête, idiot…
J’ai grandi dans un système scolaire qui a brisé ma créativité, mon imagination, qui a brisé l’enfant qui était au fond de moi.
J’ai grandi avec tous ces gens autour de moi qui n’ont pas cherché à faire pousser cette graine qui était enfouie au fond de moi, qui n’attendait que d’être arrosée et chérie…
Ce que nous projetons de faire plus tard est-il réellement ce que nous voulons ? Même ce que nous croyons vouloir est-il vraiment un souhait personnel et non un souhait influencé par les autres ? Par l’extérieur ?
J’ai toujours cru savoir ce que je voulais.
Toujours.
Mais maintenant… Plus le temps passe, plus les jours passent, à chaque minute, chaque seconde, je me demande si tout ça… c’est réellement ce que je souhaite.
Je suis dans un flou permanent. Notre entourage veut en permanence que nous ayons une voie toute tracée. Je voulais avoir une voie toute tracée. J’avais une voie toute tracée. Mais avec tout ce qui se passe en ce moment…
Devons nous réellement suivre une route définie ? Précise ?
Le monde part en vrille. Les hommes au dessus de nous pourront toujours essayer de nous faire croire l’inverse, qu’ils ont tout sous leur contrôle, que nous devons leur faire confiance aveuglément, que nous sommes sous leur protection, mais c’est faux.
Ce monde, n’est pas le mien.
S’il l’a été un jour, alors il n’est plus le mien.
Et tout ce que j’ai toujours cru vouloir faire n’a jamais été ma propre volonté.
Je me suis ouverte à moi-même.
J’ai écouté la petite voix qui a été longtemps enfermée, étouffée et supprimée. Enchaînée même. Alors cette voix je l’ai écoutée. Je l’ai laissée parler, je l’ai laissée s’exprimer. Et…
Je suis désolée.
Mais non.
Tout est fini.
Tout s’arrête là pour moi.
Ce monde n’est pas le mien, je ne suis pas faite pour être ici, je ne suis pas comme tous ces gens qui aiment se plier à la volonté des soi disant grands hommes qui nous dirigent.
Je ne suis pas comme tous ces gens qui veulent avoir un avenir stable, sûr, banal et normal. Qui veulent avoir une belle vie caractérisée par l’argent, la réussite d’un métier prestigieux, une grande famille avec la maison et la voiture qui vont avec.
Je ne veux pas de cette vie.
Je ne veux pas de ce schéma que l’on nous impose.
Je ne veux plus rien.
J’ai toujours cru que je voulais servir mon pays. Que je voulais le servir au prix de ma vie. Mais est-ce qu’en servant mon pays, je sers les personnes qui y habitent, mes frères, mes sœurs pour leur vie à eux ? Ou alors est-ce qu’en servant mon pays, je sers ne qu’uniquement les grands dirigeants et leurs intérêts hypocrites et égoïstes, au péril de ma vie, en enlevant celle d’autres humains comme moi ? Qui ont les mêmes yeux, les mêmes lèvres, le même sourire, le même rire ?
Tout ce que j’ai toujours voulu, tout ce que j’ai toujours cru… tout n’était que basé sur des mensonges, sur des façades… Nous grandissons enfermés entre six miroirs qui nous renvoient toujours la même image…
Si c’est ce que le monde actuel appelle vivre, alors je refuse de vivre comme les autres.
Je refuse cette vie.
Pardonne moi maman,
Je ne rentre pas à la maison ce soir…
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